Jérôme cultive du chanvre en Normandie et partage son expérience sur ses débuts. Il cultive des variétés de chanvre bien-être à dominance CBD et CBG, avec un taux de THC inférieur aux 0,3% autorisés. Il défend une agriculture sans produits chimiques, respectueuse de l’environnement, face à une industrie peu scrupuleuse de l’éthique. Jérôme, producteur de CBD français, encourage les futurs producteurs à s’investir dans une filière française de qualité, tout en mettant en avant la nécessité d’apprendre et de s’adapter avec le temps.
Présentation producteur de CBD présente sa culture de chanvre en Normandie
Jérôme L. – Si je monte en compétences et que j’arrive à maîtriser la culture et sortir des produits de qualité, oui, pourquoi pas. Pourquoi pas devenir producteur de CBD et chanvrier à 100 %.
Thomas B. – Salut Jérôme.
Jérôme L. – Salut Thomas. On est chez Jérôme Levallois.
Thomas B. – On arrive à ta parcelle ?
Jérôme L. – Oui, ma parcelle est dans la Manche, près de Granville.
Thomas B. – Ok. Elle est juste là ?
Jérôme L. – Oui.
Thomas B. – On va voir ça. Donc ça, c’est une culture en pieds espacés pour faire des cannabinoïdes autorisés.
Jérôme L. – Donc sur la parcelle qui est à peu près à 150 km de chez moi, parce que là, je suis chez mes beaux-parents, donc j’ai une parcelle ici, dans la Manche, à côté de Granville, à peu près 400 mètres carrés. Et là, il y a 320 pieds de Kompolti.
T. – Ok.
J. – Et chez moi, dans l’Orne, j’ai 300 mètres carrés d’une autre variété.
T. – Combien de pieds ? Là-bas ?
J. – 300 pieds aussi.
T. – Ah oui, ça fait 600 cette année ?
J. – 600 cette année.
T. – C’est pas mal. Tu étais à combien l’an dernier ?
J. – L’année dernière j’étais à peu près sur la même surface.
T. – Ok, tu es sur la même surface.
J. – Sauf que cette année, je suis monté d’un cran, je suis passé en féminisées. Donc, l’année dernière, en régulière, c’est à peu près 50% de mâles, 50% de femelles.
T. – Donc, on est sur des variétés sans THC ou quasi pas ?
Caractéristiques et réglementation du chanvre cultivé
J. – Oui, voilà. Une variété, donc, la Kompolti féminisée à dominance CBD. Et chez moi, j’ai une CBG. Même si on est en Normandie, là ça a bien souffert du sec. Là, on a été pendant 40 jours sans un millimètre d’eau. Et là, on a eu un orage il y a trois jours et ça fait du bien. La plante respire.
T. – On sent qu’il y a de l’humidité, même si il fait chaud là. Le sol est humide. Tu es chanvrier en train de te professionnaliser ?
J. – Tout à fait, oui. Ça fait la deuxième année que je suis producteur de CBD et que j’ai lancé ma culture de chanvre.
T. – Oui, on voit l’une de tes parcelles derrière toi.
J. – Oui, 400 mètres carrés.
T. – Tu as évidemment les factures de tes graines, les certificats et tout ça pour être bien dans les clous. Puis, tu as posé ton statut pour avoir le droit de faire tout ça.
J. – Oui, c’est ça. Donc j’ai fait la formation Chanvre Légal Pro. Et donc, pour être dans les clous, tout producteur de CBD doit déposer ses statuts pour pouvoir cultiver le chanvre bien-être dans les règles que la loi impose.
T. – Bien-être, c’est-à-dire plutôt vocation, CBD ?
J. – Voilà, CBD, CBG, les cannabinoïdes autorisés par la loi française.
T. – Ok, donc pas de THC, pour le coup ?
J. – Voilà, c’est ça. Le taux de THC ne doit pas dépasser 0,3%.
T. – Ok. Là, c’est ta deuxième année ?
J. – Là, c’est ma deuxième année, oui. Deuxième année. On monte un petit peu en compétences. Je commence à connaître un petit peu plus les détails de la culture. Là, on a une plante au mètre carré. Sur le rang, on est à un mètre de plante à plante et entre les rangs, il y a un mètre à peu près.
T. – D’accord, c’est du semis espacé à vocation cannabinoïdes légal.
J. – Voilà, c’est ça.
Le parcours de Jérôme : De l’INRAE à producteur de CBD
T. – Est-ce que tu peux nous dire un mot sur le semis sur toi, ton parcours avant d’arriver au chanvre ? Tu travailles à l’INRA, c’est ça ?
J. – Ça fait depuis 2008 que je suis à l’INRAE. Je fais partie de l’équipe exploitation. Je m’occupe de tout ce qui est récolte, de fourrages pour les animaux en expérimentation. Et on a une petite partie aussi expérimentale sur des fourrages.
T. – Donc c’est des analyses, de la recherche ?
J. – Oui, c’est des matières sèches, des pesées. Tout est calibré, tout est…
T. – Quantifié, mesuré ?
J. – Voilà, c’est ça.
T. – Ok, mais tu n’avais pas vraiment d’activité agricole au sens produire toi-même jusque là ?
J. – Non.
T. – Comment tu es venu au chanvre ? Qu’est-ce qui t’a attiré vers ça ?
J. – C’est mon cousin qui m’a parlé du chanvre. Et donc je me suis renseigné sur la culture du chanvre et c’est vrai que c’est une plante qui a existé et qui a totalement disparu.
T. – Et même avant.
J. – Et même avant, oui. Et c’est vrai que c’est une plante qui est en train de revenir et qui est intéressante.
T. – D’accord. Oui, donc tu viens au chanvre par ton cousin.
J. – Il m’appelle un soir et il me dit « Est-ce que tu connais le chanvre ? » Alors moi, le Chanvre, oui, j’en ai entendu parler pour l’isolation, pour les cordes, pour attacher les animaux. Mais à part ça, le Chanvre, je ne connaissais pas plus que ça.
T. – Et alors pourquoi ? Qu’est-ce qui se passe entre ça et ta parcelle qu’il y a là ? Qu’est-ce qui s’est passé entre les deux ?
J. – Et donc, il me parle du CBD. Et du coup, je me suis renseigné. J’ai commencé à fouiller sur Internet. Maintenant, avec Internet, c’est facile. Et donc là, j’ai vu qu’il y avait quelque chose qui se passait. En Europe, déjà, ça faisait quelques années que ça émergeait et en France, c’était en train d’arriver. Et donc là, je me suis dit que c’est une culture, il y a pas besoin de beaucoup de superficie et si on maîtrise bien, il y a peut- être quelque chose à faire par rapport à la culture. C’est vrai qu’il y a pas besoin de pesticides, il y a pas besoin d’engrais. C’est une culture qui est capable de s’adapter à plusieurs types de terrains et de sols. Je me suis dit tiens, c’est peut- être intéressant.
T. – D’accord. Ça, c’est un petit peu les aspects écologiques, entre autres ou certains en tout cas. C’est un truc qui t’a attiré aussi ça ?
J. – Oui, ça m’a attiré, ça m’a interpellé même, parce que je connais pas mal la culture de maïs ici, en Normandie, il y en a beaucoup et c’est vrai qu’il faut des engrais, il faut des pesticides. Là, le chanvre, c’est vrai qu’il est capable de pousser naturellement. Il y a quand même des techniques à avoir par rapport aux préparations du sol, mais c’est vrai que le chanvre est capable de pousser tout seul en fait.
T. – Ton cousin, il a une idée en tête, il veut s’approvisionner qu’en France. C’est ça ?
J. – Voilà, c’est ça.
T. – Là, il y a une vraie problématique derrière parce qu’aujourd’hui, c’est pas facile pour lui, c’est ça ?
J. – Ouais. En gros, les CBD shop en 2022, même 2021, 2020, ils s’approvisionnaient à l’étranger. Italie, Suisse. En fait, ils inondent le marché français. Et nous, en France, on n’avait pas le droit de produire des variétés intéressantes pour pouvoir les vendre.
T. – Ok. Et donc, tu m’as dit que tu étais allé à un des salons du CBD, là, en France. Justement, qu’est-ce qui t’a horrifié ?
J. – Il y a beaucoup de personnes qui sont pas du… Moi, je viens du milieu agricole, je connais le terrain et c’est beaucoup des gens qui surfent sur la vague et qui sont… Qui n’en ont rien à faire de la culture, c’est vraiment du business à fond et que ce soit des produits bons ou pas bons, ils veulent les vendre.
T. – Ok, ils font des millions et tant pis pour l’éthique. Enfin, pas pour tout le monde, il faut pas non plus généraliser, mais…
J. – Non, mais à 90 %, ouais. En gros, sur le salon du CBD à Paris, il y avait moins de 10 producteurs de CBD français.
T. – Ok. Donc toi, tu penses qu’il y a un autre modèle possible, en gros ?
J. – Oui, tout à fait. Un producteur de CBD respectueux de l’environnement. Par exemple, au salon du CBD, il y avait des grands écrans avec des lignes de chanvre, pas un poil d’herbe, des buissons verts foncés, c’est glyphosate et puis ammonitrate quoi.
T. – Toi, tu penses qu’on peut faire une culture propre en France ?
J. – Oui, voilà.
T. – Sans ajout chimique indésirable ?
J. – Voilà, tout à fait. Si on nourrit bien le sol, le sol va nourrir la plante et la plante va être en bonne santé.
T. – Bientôt, tu vas avoir du chanvre de belle qualité à proposer.
J. – J’espère, oui.
T. – En tout cas, c’est bien parti.
J. – Oui, c’est bien parti, oui.
Quelques conseils d’un producteur de CBD à ceux qui veulent se lancer
T. – Qu’est-ce que tu as envie de dire à ceux qui aimeraient se lancer là-dedans ? Parce qu’il y a un intérêt aujourd’hui un peu partout sur le chanvre, on en parle, qui ne savent pas trop comment faire, qui n’osent pas forcément faire le pas et tout ?
J. – Je leur dirais qu’il faut que… qu’en France, on est en train de créer une filière de qualité avec différents terroirs en Normandie, dans le Sud, partout en France. Mais voilà, il n’y a pas besoin de grandes surfaces. Par contre, ça demande du temps pour…
T. – Sur les cannabinoïdes, en tout cas.
J. – Sur les cannabinoïdes. Par contre, ce n’est pas en une année qu’on maîtrise la culture. Il faut plusieurs années. On apprend de nos échecs et au fil des années, on corrige le tir et ça va de mieux en mieux.
T. – Et puis, on s’améliore avec le temps.
J. – On s’améliore, oui.
T. – N’hésitez pas à commenter, à faire tourner, à partager la vidéo autour de vous. Et puis, à très bientôt pour une prochaine.
Si cette histoire vous inspire et si vous aussi vous souhaitez faire partie de l’aventure pour devenir producteur de chanvre, retrouvez toutes les info sur le programme Chanvre Légal Pro ici.
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