Kanab Diskan : La Révolution Verte du Chanvre en Bretagne
Vincent, Pionnier du Chanvre Breton Bio : De la Vision à la Réalité
Dans cette interview, Vincent S. de Kanab Diskan explique comment il a lancé son activité de producteur de chanvre breton bio sur 16 ha et comment il a ouvert ses propres magasins. Il souligne les aspects environnementaux très positifs, notamment sur la capture du CO2 et la réhabilitation de terrains envahis par le baccharis, une plante nuisible et les avantages sur la réserve foncière qu’on peut en tirer. Vincent a démarré de zéro et gère maintenant une entreprise avec plusieurs associés et tout un assortiment de produits dérivés du chanvre. Il insiste sur l’importance de l’agriculture locale et durable, et sur son engagement envers l’éducation des jeunes générations sur l’agriculture responsable.
Thomas B. – Salut Vincent.
Vincent S. – Salut Thomas.
Thomas B. – Vincent, c’est Kanab Diskan, c’est ça ?
Vincent S. – C’est ça. Kanab Diskan, c’est en breton.
Thomas B. – On a l’explication qui arrive dans la vidéo. Là, on est sur une de tes parcelles.
Vincent S. – Oui, c’est ça.
Thomas B. – T’es sur 16 hectares cette année.
Vincent S. – 16 hectares de chanvre breton bio Sativa, Cannabis, Sativa L.
16 Hectares de Chanvre bio : Une Lutte contre le CO₂ et le Baccharis
Thomas B. – 16 hectares multipliés par entre 10 et 15 tonnes de CO₂ captés dans l’atmosphère pour faire des beaux produits.
Vincent S. – C’est ça. Souvent, j’ai tenté à dire qu’il y a un double projet sur la commune. Et en effet, on peut aller un peu plus loin avec le fait de capter le CO₂ pour la planète et puis pour l’environnement. Parce qu’on remet en activité des parcelles abandonnées qui ont été envahies par une plante qui s’appelle le baccharis, qui prolifère sur le littoral et qui étouffe toute forme de biodiversité. Et on a utilisé cet argument auprès de la commune, pour dans un premier temps, solliciter la réserve foncière. Ce qui leur permettait de ne plus défricher et de gaspiller de l’argent chaque année dans du défrichage et de leur proposer vraiment une alternative de par le pouvoir couvrant du chanvre et qui évite la pousse des adventices durant la période estivale, de limiter en tout cas, pas forcément d’arrêter, mais de limiter la prolifération de cette plante.
T. – C’est de la bombe parce que tu leur rends un double ou triple service, c’est-à-dire que tu nettoies les sols en plus.
V. – On nettoie les sols.
T. – Le chanvre, on pourra y revenir dans une autre vidéo, mais c’est un énorme truc de nettoyage de sol.
Un Impact Positif sur l’Écosystème Local : Au-delà de l’Agriculture
V. – C’est ça. On est vraiment en bord de littoral, donc on peut aussi considérer qu’on récupère toutes les eaux usées, toutes les eaux usées de la ville qui pourraient descendre et aller se déverser dans la baie de Quiberon.
T. – Là où il y a tous les élevages d’huîtres.
V. – Où il y a énormément d’élevages d’huîtres.
T. – Donc les mecs là-bas, ils peuvent être reconnaissants aussi parce qu’ils ont de l’eau beaucoup plus propre.
V. – Ils sont très agréablement surpris et très contents de nous voir arriver avec une culture en bio.
T. – Génial, écoute, c’est top. Alors, les Invasives en plus, c’est triple service pour la communauté du coin. Le climat, c’est top. Alors, tu es parti sans rien, de zéro, aucun bagage ni expérience agricole.
V. – Oui, il fallait, en n’étant pas issu du milieu agricole, trouver une exploitation, trouver de la terre pour pouvoir commencer. J’aime bien que les choses ne traînent pas, je pouvais pas rester à attendre que les choses tombent du ciel.
T. – Et oui, et tu as réussi à te lancer, tu es sur 16 hectares aujourd’hui, sachant que tu n’as aucune terre aujourd’hui en propriété.
V. – Non, zéro terre en propriété. On est presque 50-50 entre les mises à disposition de terres de la commune de Carnac et ensuite des propriétaires terriens qu’on est allé voir à la suite de cette première saison pour avoir la crédibilité du résultat et que ce ne soit pas simplement quelqu’un qui vient et qui plante du chanvre comme ça.
T. – Ok. Aujourd’hui, t’as une douzaine de références produits que tu maîtrises de A à Z, c’est-à-dire de la production par la transformation, jusqu’à la vente. Oui. Ça commence à bien se vendre ?
V. – Ça commence à bien se vendre.
T. – Tu es sur trois magasins là, déjà ?
V. – Oui, deux à Tours, un ici à Carnac. Et là, on projette d’ouvrir entre Tours et ici, le Grand Ouest.
T. – D’accord.
V. – On ne va pas monter de multinational, mais voilà, une dizaine de magasins, ça suffira pour en tout cas porter le projet pour le moment.
L’Ascension Rapide de Kanab Diskan : Entre Défis et Victoires autour du Chanvre Breton Bio
Un départ audacieux : sans terres, ni matériel, ni expérience agricole
T. – Tu as quand même une ascension très rapide avec des résultats de dingue. Ça fait beaucoup de choses de gérées en très peu de temps. Comment t’as fait ? Comment tu expliques cette espèce de… ?
V. – Je suis quelqu’un qui est rarement satisfait de ce qu’il fait. Tu m’en parles aujourd’hui de ce qui a été fait depuis un an et demi. Des fois, j’ai ma compagne qui me dit « Stop, regarde un petit peu ce que t’as fait depuis un an et demi et sois content de ce qui se passe. » C’est pas fait exprès. Le hasard, non, toujours pareil. Je pense que le hasard n’existe pas ou la chance n’existe pas, on se la crée, mais c’est le fait d’être toujours ouvert, rencontrer du monde, en accueillant.
T. – Alors, l’aspect réseau on va en parler dans un instant. Tu bosses beaucoup aussi ?
V. – Oui, ça fait quand même plusieurs mois qu’on est presque sur du 7 jours sur 7. 7 jours sur 7, tôt le matin à souvent tard le soir.
T. – C’est aussi parce que tu gères trois magasins, la prod, les récoltes, tout le tra la la. Vous êtes deux.
V. – C’est ça. J’ai commencé tout seul. Je me suis quand même rendu compte au bout d’un moment que je risquais d’exploser en vol si je continuais comme ça. J’ai la chance d’avoir trouvé un associé qui a bien voulu monter dans le train ou dans le bateau vu qu’on est au bord de la mer et faire en sorte que ça coule pas trop rapidement. C’est aussi cette complémentarité aujourd’hui qui fait que je peux continuer à avancer, à développer et d’avoir quelqu’un derrière moi qui m’épaule énormément, sur toute la partie gestion notamment. On avance vite, mais parce que je suis accompagné aussi.
De la Terre au Magasin : Le Succès Croissant des Produits Kanab Diskan
T. – Tu as réussi à bien t’entourer.
V. – Voilà, les magasins, je suis pas en gestion dans les magasins. J’ai à chaque fois mis un associé. Je n’ai pas d’employé. Ça évite aussi pas mal de tracas. C’est des gens qui sont associés au projet et qui, de fait, sont vraiment impliqués et qui eux aussi, ne comptent comptent pas spécialement leurs heures, mais qui sont motivés par ce qu’on fait, par le fait de mettre de la culture, de pouvoir maîtriser de tout de A à Z de la production jusqu’à la transformation et la commercialisation. Ils n’ont qu’un seul intermédiaire et ça, ça leur plaît aussi dans le développement. Et puis après, c’est aussi peut-être l’esprit collectif du sport qui m’a amené à ça. Partie d’entraînement aussi, parce que je l’ai été moi, j’étais peut-être un peu plus individualiste, il y a quelques années. Et le fait de ces formations, on se rend compte que peut-être ça marche mieux quand on est en équipe sur certains sports collectifs que de les jouer en individuel.
T. – C’est encore le début de l’aventure. Ça fait un an et demi, mais tes résultats sont déjà dingues. Je trouve ça, enfin bravo à toi, c’est top. Merci beaucoup. Tu as encore une longue vie devant toi.
V. – On sait que c’est un projet qui peut être viable sur une bonne dizaine d’années, facilement pour nous, je pense.
T. – Qu’est-ce que tu crois que c’est le truc aujourd’hui dont tu es le plus fier après cette année et demie passée ?
Vers un Avenir Durable : L’Engagement de Kanab Diskan
Éduquer les Générations Futures au Chanvre Breton Bio : La Mission de Kanab Diskan
V. – C’est d’intéresser les… Ça pourrait me donner la larme à l’œil. Ouais. C’est l’intérêt qu’on peut voir au niveau des enfants et le travail qu’on a fait avec eux. Ce qui me fait plaisir, c’est sur les marchés, sur les différentes foires qu’on a pu faire et avec les écoles aussi où on implique beaucoup les enfants et de voir leurs réactions. Eux, ils n’ont pas d’a priori et de voir les plantes pousser, de juste simplement comprendre que c’est une plante sur laquelle je ne vais pas manger, m’habiller, construire une maison. On voit que ça les intéresse. Et je pense que c’est vraiment par eux qu’on va réussir à faire ce changement…
T. – de paradigme.
V. – Oui, d’attitude en tout cas. Ou de sensibilité rapide qu’on a besoin par rapport au climat.
T. – Yes. Kanab Diskan, tu m’as pas dit, vas-y, ça veut dire quoi ?
V. – Kanab Diskan, c’est un petit clin d’œil au territoire. Kanab, forcément c’est le chanvre en breton. Et « Diskan », c’est le refrain, c’est la ritournelle dans la musique bretonne. En breton, la ritournelle du chanvre.
T. – La ritournelle du chanvre, voilà.
V. – C’était vraiment l’idée. Pareil, expliquer, on est dans la découverte avec beaucoup de clients, on leur explique toutes les implications du chanvre. Vraiment leur dire que surtout sur le territoire breton, c’est une culture ancestrale qui a participé à la richesse du territoire, qui a permis à la marine, à la marine marchande à voile de pouvoir exporter, notamment aussi le lin dans le monde entier. Et voilà, ça fait partie de l’histoire de chaque breton, je pense.
L’Héritage et l’Avenir du Chanvre Breton Bio
Et là on voit qu’ en tout cas ici, sur le territoire de Carnac, tout le monde a compris assez rapidement l’intérêt qu’ils avaient à ce qu’il y ait un nouvel agriculteur qui vienne s’installer, parce que je pense que de toute façon, ça doit être le cas dans plein de régions. On sait que près de 50 % des agriculteurs seront à la retraite dans pratiquement les cinq ans à venir. Comment on va faire pour produire ? On le voit. Il y a eu un appel qui a été fait pour replanter du sarrasin en Bretagne, pays de la galette, alors que tout le blé, on en prend cette année qui vient de Chine.
T. – Du blé noir, oui. C’est un truc de dingue !
V. – Du blé noir ou alors 90 % vient de Chine et des pays de l’Est. Qu’est-ce qu’on produit, nous, ici ? Qu’est-ce que nos enfants vont réellement pouvoir manger ? Alors que finalement, il y a plein de terres qui vont être mises en friche d’ici quelques années. Si on continue à dire à nos enfants que l’agriculture, c’est un métier de paysan ou de bouseux ou des choses comme ça, non.
T. – Si on continue à leur dire que de toute façon, tu gagneras pas ta vie avec ce métier là, qu’il y a beaucoup d’agriculteurs dans ce cas là aujourd’hui.
V. – Oui, c’est sûr que si on reste dans le… C’est facile avec le chanvre parce que la filière, en tout cas, elle est pas super bien organisée. En tout cas, nous, on a fait le choix de vraiment de pas rentrer dans le système agricole. Mais si on produit à taille humaine, je ne vais peut-être pas dire ça dans trois ou quatre ans, mais en tout cas, à la base d’une petite production et de valorisation en direct auprès de ses voisins, on va dire, il y a de quoi déjà sortir au moins de vivre. Je pense que même sur cinq hectares, l’année dernière, je peux faire vivre ma famille. On est deux adultes, au pire deux enfants. On aurait pu faire l’année avec la production, cinq, six hectares de Chanvre Breton Bio.
T. – Génial.
V. – C’est possible, je pense.
T. – Tu viens de me parler d’une pâte à tartiner sans huile de palme. À base de chanvre ?
V. – Oui oui, à base de chanvre, à base d’huile de Chanvre Breton Bio. Ok. On était partis sur un projet pour les petits loups. Premièrement, pour en parfait égoïste pour mon petit garçon. Et puis, finalement, avec la mise en place des cultures sur Carnac, on a travaillé sur des projets avec la mairie pour les restaurants scolaires. Et donc là, il y avait les pâtes, il y avait l’huile, il y avait les graines décortiquées qu’on pouvait déjà amener assez facilement à la cantine.
T. – Avec des pâtes alimentaires et tout ça ?
V. – Des pâtes alimentaires, tout à fait, à base de farine de chanvre.
T. – Donc ça, c’est du repas super protéiné, végétal pour les élèves ?
V. – C’est ça.
T. – Toujours en circuit court, en résilience complète ?
V. – En circuit court, ça leur permet de pouvoir nous voir travailler dès le mois de mai sur les semailles, la récolte au mois de septembre. On fait des rencontres sur champ, et ensuite on leur amène les produits à la cantine pour leur faire découvrir ce qui pousse à côté de chez eux. Je pense que c’est surtout en passant par les jeunes qu’on va pouvoir faire comprendre vraiment l’importance de notre culture. On va le redire, mais sans pesticides, sans fongicides. Et là, notamment, on travaille sur le littoral, pour tout ce qui est préservation du littoral et de la mer. C’était important pour nous…
POUR ALLER PLUS LOIN
T. – On va garder contact pour la suite, évidemment. Et quoi d’autre ? Longue vie, Kanab Diskan.
V. – Allez, longue vie à Kanab Diskan. Avec le petit son de bignou qu’on a dans le fond, ça va très bien.
T. – Avec un peu de chance ont l’a, au micro oui.
V. – Avec notre petite ritournelle du chanvre, le refrain du chanvre, c’est reparti. Il y a tout à faire.
T. – Très bonne conclusion. Merci Vincent. N’hésitez pas à poser vos questions dans les commentaires juste en dessous. Faites tourner à fond cette vidéo. Et puis, à très bientôt pour une prochaine.
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