Jean-Christophe, producteur punk de chanvre bio, nous parle de son activité dans sa ferme Microbiopunk de Kerforn en Bretagne.
Parallèlement à sa profession de cordiste, Jean-Christophe a souhaité lancer une activité alignée sur ses valeurs d’autonomie et d’indépendance. Passionné de culture punk et intéressé par l’agriculture sous toutes ses formes, il a suivi la formation Chanvre légal pro pour devenir producteur de chanvre bio. Il créé sa ferme Microbiopunk en Bretagne et commercialise déjà plusieurs produits sur les marchés. Il ambitionne désormais de pouvoir vivre de cette production.
Microbiopunk, la microferme qui produit du chanvre bio
Thomas B. – Pourquoi Microbiopunk ? C’est le nom de ta ferme.
Thomas B. – On est chez Microbiopunk, la ferme de Kerforn de Jean-Christophe.
Jean-Christophe M. – Welcome ! Bonjour tout le monde !
Thomas B. – Donc ici, tu as trois hectares.
Jean-Christophe M. – Deux hectares neuf. Entre la forêt, les prairies et le potager. Trois petits hectares.
Thomas B. – Et t’es arrivé avec une idée de créer un lieu d’autonomie ?
Jean-Christophe M. – L’autonomie, l’indépendance, c’est un concept qui me parle beaucoup, qu’on parle d’énergie, d’alimentation, de soins. C’est une notion qui est très importante pour moi, dans la musique, le rock indépendant, tout ça, tout ça. Je suis travailleur indépendant, à l’origine. Donc voilà, naturellement, le chanvre s’est imposé.
Thomas B. – Oui, tu t’es dit que ça pouvait être un super bon élément pour soit accélérer ton autonomie, soit la poser.
Jean-Christophe M. – C’est ça, pour la conforter, c’était la plante intéressante.
Thomas B. – Comme un piliers de ton autonomie ?
Jean-Christophe M. – C’est ça.
Des produits de la mer à la découverte du chanvre, en passant par les cordes
Thomas B. – Ok, alors le chanvre, comment est ce que tu es venu au chanvre bio ? Au départ, déjà, ton parcours c’est quoi en fait, avant tout ça ?
Jean-Christophe M. – Alors mon parcours, moi j’ai fait beaucoup de choses. J’ai travaillé pendant dix ans dans le domaine de la marée, les huîtres, les palourdes, tout ça.
Thomas B. – Ah oui, ok.
Jean-Christophe M. – À la Trinité-sur-Mer. Ensuite, je suis devenu alpiniste du bâtiment. Cordiste. Et ça, ça fait 20 ans que ça dure.
Thomas B. – C’est pas fini.
Jean-Christophe M. – C’est pas fini. Parce que pour le moment, je ne vis pas complètement du chanvre. Donc voilà, il faut que je puisse faire rentrer de l’argent quand même. Donc je garde cette casquette-là. Et cette année devrait être l’année de ma transition sur le chanvre.
Thomas B. – Comment tu dis ? artisan ? cordiste ?.
Jean-Christophe M. – Cordiste, travaux d’accès difficile, travaux sur cordes. Donc ça c’est une entreprise qui a 20 ans. Et en 2014, il m’est arrivé… Travailler en hauteur, ça n’a pas que des avantages. Je suis tombé d’un toit, je me suis fracturé la colonne vertébrale, la jambe, le bras, tout ça et ayant pris conscience de certaines vertus de la plante, j’ai creusé. À partir de 2015, on a creusé sur des espèces à CBD plutôt que sur des espèces à THC. Et miraculeusement, le marché s’est ouvert il y a un an et demi, donc j’ai plongé dedans.
T. – Donc tu es venu au chanvre d’abord pour des raisons de santé pour toi en fait.
J-C. – De confort personnel, oui, tout à fait, tout à fait.
T. – Ça te permettait de vivre normalement alors que tu pouvais pas avec d’autres médicaments.
J-C. – Voilà, pour des histoires d’arthrose et d’arthrite, tout simplement.
T. – On ne parle que de ton expérience, on n’est pas en train de parler des vertus médicales.
J-C. – Non, c’est vraiment moi, les raisons qui m’ont amené dans ce créneau.
Le suivi de la formation et son lancement dans la production de chanvre bio
T. – Et donc, il y a à peu près un an et demi, un tout petit peu plus.
J-C. – De mars 2021, j’ai commencé à voir sur internet des messages passés concernant Chanvre légal pro. Oui, j’ai suivi, je sais plus, une petite réunion sur internet, à la suite de laquelle, une semaine plus tard, je lançais mon entreprise agricole.
T. – Tu t’es dit, c’est parti, je me lance dans l’aventure, ça va devenir l’une de mes activités.
J-C. – Je veux finir ma carrière professionnelle sur cette note-là.
T. – Donc un an et demi plus tard, tu en es à six produits commercialisés.
J-C. – C’est ça.
T. – Tu fais les marchés régulièrement, là, depuis…
J-C. – Tous les samedis, depuis fin janvier.
T. – Donc ça fait neuf mois que tu es sur les marchés.
J-C. – C’est ça, c’est ça. Bientôt, je vais essayer de prendre un deuxième marché, un marché bio sur Auray, pas très loin. Mais aujourd’hui je ne fais que ce marché-là, qui est un petit marché, mais où j’ai une clientèle qui s’agrandit de marché en marché avec des retours vraiment intéressants sur la qualité des produits et sur les effets.
T. – On va en dire un mot de ça parce que tu mets l’accent avant tout là-dessus. Toi, tu n’es pas là pour te faire des millions et puis partir avec.
J-C. – Ah non, c’est pas le but.
T. – Toi, ton but c’est plutôt de faire de la qualité, de produire des choses qui sont utiles pour les gens.
J-C. – C’est ça. D’une manière générale, la culture m’intéresse, c’est soit la culture de légumes, la culture de chanvre bio, les arbres ou autres. Je trouve ça assez fantastique. Et effectivement, le côté bien-être et le côté alimentaire, mais les deux vont de pair. Le côté bien-être m’intéresse beaucoup.
Des produits alimentaires et des produits pour le bien-être
T. – Sachant que tu as aussi un bon petit socle d’expérimentations sur tout ce qui est culinaire et ça c’est assez atypique. Pour l’instant on a peu de gens là-dessus, sur ce créneau-là, mais tu as plein de petites recettes de cuisine, là, en train de…
J-C. – Oui, ça commence à se développer, du houmous de chanvre ou des pesto chanvre-orties, ce genre de choses, ça plaît beaucoup au public, c’est pas courant. Du coup, ceci explique cela, ça nous permet d’amener les gens à se rendre compte que le chanvre, ce n’est pas que de la drogue, c’est pas qu’un truc à fumer, qu’il y a moult applications et qu’il y a vraiment quelque chose à faire avec ce produit. C’est super intéressant.
T. – Et du coup, l’année prochaine et les années suivantes, tu vas pouvoir compléter l’assortiment produit petit à petit, en gagnant en expérience, en continuant à expérimenter, etc.
J-C. – Tout à fait. Donc je me dis que l’année prochaine, je suis un cultivateur de fleurs quand même, principalement. Mais le côté graines m’intéresse beaucoup depuis que j’ai travaillé justement ces produits en alimentaire. Pour compléter tout ça. Pour la graine, la farine, l’huile. Ce sont des produits qui sont intéressants. Et puis produire mon huile de chanvre, ça me permet d’avoir des produits qui sortent intégralement de la ferme, puisque aujourd’hui mon huile de chanvre vient d’autres chanvriers.
T. – Ok, mais bon, ça te permet de présenter d’autres produits que tu n’as pas encore toi?
J-C. – On va parler d’éducation du public, ça nous permet de montrer aux gens la direction dans laquelle on veut aller.
Une production empreinte d’autonomie en électricité
T. – La diversité aussi des possibilités. Excellent. On n’a pas trop parlé du côté autonomie, on a abordé rapidement. Mais là, aujourd’hui, tu es déjà autonome en énergie, en électricité à la ferme Microbiopunk.
J-C. – Tout à fait. Panneaux solaires, centrales solaires…
T. – Ce qui est énorme ! Tu as même beaucoup plus d’énergie que ce dont tu as besoin côté électricité aujourd’hui.
J-C. – Tout à fait. Ça veut dire que ça suffit pour alimenter l’intégralité de la maison et que je peux installer des ventilateurs dans mes serres parce que j’ai besoin de ventiler quand il fait chaud, quand il fait chaud, il y a du soleil et quand il y a du soleil, mes batteries sont pleines. Donc c’est de l’excédent, si je le consomme pas, c’est perdu.
Et on est en plus de ça en train de gérer tout ce qui est la gestion de l’eau sur l’intégralité du site, de la récupération des eaux pluviales, pour l’irrigation des serres, des arbres fruitiers qu’on plante, la consommation de la maison. On travaille avec un designer en permaculture sur tout le projet en fait. On récupère toutes les eaux de toitures, les eaux des toitures de la maison, qui transitent via le phyto assainissement. Là on voit les plantes qui sont juste derrière.
… et en eau !
T. – Ça c’est une partie du phyto assainissement, donc c’est toutes les eaux qui sont usées de la maison.
J-C. – Les eaux cuisines, de douche et autres. Tout ce qu’on produit en flotte dans la maison puisqu’on est en toilettes sèches. Donc on a juste pas les toilettes qui arrivent ici. Et le chauffe-eau va être couplé à des panneaux solaires thermiques qui seront installés en haut sur la façade de la maison.
T. – Quelle connerie de chauffer l’eau par 40 degrés cet été !
J-C. – Ben oui, carrément. Et là, on chauffera donc il y a un panneau de deux mètres carrés qui chauffera de chauffe-eau.
T. – Le chauffe-eau aux énergies fossiles en tout cas…
J-C. – Et le deuxième panneau alimentera une série de radiateurs en fonte pour garder la maison en température en hiver.
T. – A l’intérieur, tu as fait de l’isolation chanvre.
J-C. – Évidemment.
T. – Ah, j’avais oublié, J’allais presque oublié. On va peut-être voir ça aussi.
J-C. – On peut aller jeter un œil. C’est pas la finition, c’est le corps d’enduit que j’ai fait à l’éponge pour avoir un rendu pas trop dégueulasse, mais le garder rugueux justement. Et après tu reviens dessus avec un enduit millimétrique de l’ordre de un, deux, trois mm, pas plus, et c’est plus pour le ressenti quoi.
T. – Et un autre truc que tu es en train de développer aussi, c’est l’accueil à la ferme Microbiopunk avec un petit camping.
J-C. – Un petit camping, six emplacements où 20 personnes maximum.
T. – Du coup, on peut te contacter pour faire un petit séjour chez toi, sur place et puis voir un petit peu comment ça se passe tout ça.
J-C. – Tout à fait.
Son regard sur la formation Chanvre légal pro
T. – Du coup, globalement, tu es plutôt content du programme Chanvre légal pro ?
J-C. – J’irais même plus loin, je dirais que je suis étonné de la qualité des différents intervenants qu’on a, que ce soit en termes de réglementations, de pratiques, de conseils, autant des Fabien que des Thomas, que des maîtres, que des… On a vraiment une qualité d’intervenants et une diversité d’intervenants. Mais voilà, je pense à François Gauche, je pense à pas mal de gens, donc vraiment une diversité d’intervenants de qualité, super intéressante.
T. – Cool. Donc tu ne regrettes pas l’investissement ?
J-C. – Absolument pas.
T. – Tu recommanderais plutôt le programme à d’autres éventuellement.
J-C. – Ah oui, carrément.
T. – Qu’est ce que tu aurais envie de dire à des gens qui sont en train de se dire « merde, l’autonomie c’est important, l’écologie aussi, ça me travaille. C’est en train de partir en couille, tout ça. Le chanvre, ça me titille depuis longtemps, j’irais bien, mais ça me fait un peu peur ».
J-C. – Eh bien je leur dirai « Vous avez raison ».
T. – D’avoir peur ?
J-C. – D’une, d’avoir peur. Parce que quand on a peur, on est plus attentif à ce qui se passe et de deux, en tout cas pour ma part, les différentes inquiétudes qu’on peut avoir quant à l’avenir sont génératrices d’actions intéressantes, de création de lieux, de fermes, de méthodes de cultures, de produits.
Découverte des produits commercialisés dans sa boutique de la ferme Microbiopunk
T. – Et donc là, on est dans ta boutique, à la ferme Microbiopunk. Alors il y a pas mal de belles choses derrière. On va y arriver tout de suite. Juste avant, quelques affichages, le retour du chanvre, quelques données chiffrées du chanvre en France. Un peu de botanique de base sur le chanvre. Là, Jean-Christophe, on a tes infusions.
J-C. – C’est ça, les tout premiers produits que j’ai sortis.
T. – Elles sont entièrement produites sur place, y compris la camomille, le tilleul, la menthe et ce qu’on trouve, la verveine aussi. Tout ce qu’on trouve dans les mélanges est produit sur place en bio certifié.
J-C. – Certifié par Ecocert.
T. – On a d’autres packaging ici, c’est toujours de l’infusion CBD.
J-C. – C’était des échantillons plus.
T. – D’accord. Derrière, on a ta fleur brute, Kompolti, Carmagnola, Finola. Ces trois variétés catalogue ici. Donc on est complètement sur des variétés certifiées légales avec du CBD dedans. Là, ce sont tes macérats.
J-C. – Les macérats, à l’huile de chanvre.
T. – Toujours de la ferme La ferme de Kerforn Microbiopunk.
J-C. – Donc on est sur du full spectrum, extraction plante entière, à froid. Un peu difficile à travailler, l’huile de chanvre à conserver, surtout, mais avec des propriétés que n’ont pas les autres huiles.
T. – Oui, il y a plein de procédés différents avec d’autres huiles aussi. Alors là, on a à peu près fait le tour de tes produits, il y en a cinq ou six différents.
J-C. – On est sur six produits de la maison.
Une offre complétée par les produits d’autres chanvriers
T. – Et puis tu as eu la bonne idée de compléter ta gamme avec des produits d’autres chanvriers confirmés.
J-C. – Tout à fait.
T. – On va avoir quelques uns ici, il y a de la graine toastée.
J-C. – Oui, on n’a plus de graines décortiquées parce que ça se vend très très bien.
T. – Alors de la graine décortiquée, on aurait pu, mais on ne peut plus parce qu’il y en a plus. Ça marche bien justement, la farine de chanvre bio…
J-C. – Tout à fait. Et farine ou protéines, au choix.
T. – Et des pâtes à la farine de chanvre.
J-C. – C’est ça.
T. – Et puis voilà, ça fait tout ça un très joli stand.
Microbiopunk, une microferme alignée sur sa vision et ses valeurs
T. – Pourquoi Microbiopunk, c’est le nom de ta ferme ?
J-C. – Parce que c’est une microferme. On est en dessous de trois hectares. Donc voilà, avec en culture, on a peut-être, je dirais peut être 5000 mètres carrés en culture sur la totale. Donc on est une microferme, bio parce qu’on travaille de manière bio, c’est à dire pas d’intrants. On travaille avec des purins d’orties, de consoude, de fougères et autres. Et punk, parce qu’on donne pas vraiment dans le conventionnel, d’une part, et d’autre part, un petit peu en référence au Traité du jardin punk.
T. – Oui, c’est un bouquin qui fait référence, dont l’idée principale est …
J-C. – Dont l’idée principale est « comment faire du jardin quand on est rebelle, fauché » Disons que c’est une vision, une vision du jardin que j’aime beaucoup.
T. – D’accord. Et puis ça te collait bien…
J-C. – Je suis un spécialiste du bordel, donc oui, ça me connaît bien.
T. – Tu arrives à créer de la valeur dans le bordel.
J-C. – C’est ça. Après, je vais reprendre une phrase que certains n’aimeront peut-être pas, mais l’ordre spontané, c’est quoi ? C’est l’anarchie, c’est l’ordre issu du chaos. C’est-à-dire que si tu laisses ton jardin partir, à un moment, il va se réguler ton jardin. Il y a des espèces qui vont prendre le dessus, d’autres qui vont disparaître ou qui vont s’acclimater, et ton jardin y trouve un équilibre.
T. – Écoute, super Jean Christophe ! Bravo pour ce parcours, en à peine 18 mois, qui porte déjà plutôt plutôt bien ses fruits.
J-C. – Oui, carrément. Je suis très heureux de la dynamique qui s’est mise en place et de l’ampleur que c’est en train de prendre, tout en restant modeste. Voilà l’ampleur, c’est pas non plus une succursale, mais disons que je devrais pouvoir en vivre dans l’année qui vient.
T. – Laissez votre petit commentaire comme d’habitude juste en dessous. Si vous avez des questions, on vous répondra en-dessous. Et puis n’hésitez pas à faire passer cette vidéo à tous les punks que vous connaissez et vos proches qui pourraient avoir un intérêt sur le chanvre divers et varié, ça peut aussi les intéresser. Merci !
Pour aller plus loin
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