Dans cet article / Vidéo, on parle de l’essor de la filière du chanvre dans le Sud-Ouest de la France, notamment chez Chanvre Occitan / Virgo Coop, avec un focus sur le chanvre textile. Julien Bonnet, responsable des cultures et directeur de la nouvelle chanvrière textile et son équipe projettent d’accroître leurs cultures de chanvre textile et de développer le tissage local, pour du 100% made in France écoresponsable.
La naissance d’une nouvelle chanvrière textile
On a eu la chance de rencontrer Julien dans les début de cette chanvrière textile promise à un très bel avenir.
Thomas B. – Salut Julien. Julien Bonnet, agronome, docteur en génétique. Tu développes en ce moment 100 hectares de chanvre avec une trentaine d’agriculteurs ?
Julien Bonnet – 54
Thomas B. – 30 l’année dernière ?
Julien Bonnet – Oui, c’est ça.
Thomas B. – Autour du chanvre textile. Donc ça, ça décolle.
Julien Bonnet – On a fait 30 agriculteurs l’année dernière, 54 cette année. Une particularité, c’est qu’on a une grande majorité de bio cette année. On a pas mal d’éleveurs très impliqués dans l’agroécologie. Donc ça, c’est pour nous une valeur ajoutée qu’on veut apporter, qu’on veut montrer autour de la filière chanvre. C’est que le bio a du sens et qu’on peut cultiver en bio et que l’élevage a beaucoup de sens pour apporter évidemment la matière organique, surtout dans le contexte actuel où c’est un peu cher. C’est un peu notre fer de lance aujourd’hui. Et puis la seconde locomotive, en effet, c’est le textile qui nous pousse vraiment à faire une mode plus écoresponsable et donc qui a plus de sens.
Thomas B. – Et on en est au tout début.
Julien Bonnet – La filière dans le Sud-Ouest, en Occitanie, redémarre. On s’échine tous les jours à faire cela.
Thomas B. – Je n’ai pas bien présenté l’équipe, c’est Virgo Coop. Virgo Coop, les ateliers Tuffery sont dans la boucle.
Julien Bonnet – Alors, les ateliers Tuffery qui font la confection, qui sont en Lozère, à Florac. Ils sont partie prenante de Virgo Coop. Dans Virgo Coop, on est environ 160 sociétaires. Il y a environ 200 000 € de fonds propres aujourd’hui. Ça continue de grimper. Et les acteurs aujourd’hui principaux de Virgo, on va dire qu’on est cinq. On est cinq au quotidien à tenir le machin, à tenir le bateau et c’est toujours aussi motivant tous les jours. Le gros enjeu aujourd’hui, c’est évidemment le défibrage.
Thomas B. – Ouais.
Julien Bonnet – Donc c’est la première étape industrielle de transformation des pailles de chanvre. On s’aide, on s’informe auprès de tous nos partenaires qui sont déjà existants comme Planète Chanvre, la chanvrière GatiChanvre, Agro Chanvre. On a vraiment des liens avec tous ces gens- là, évidemment en aval, mais Virgo, c’est aussi le tissage. On a racheté il y a un peu plus d’un an un atelier de tissage qui était voué à disparaître avec l’aide de Tuffery, avec l’aide de Éric Carlier. On a redémarré les moteurs en février il y a un an, en avril il y a un an et on tisse du chanvre. On tisse du chanvre en 100 %, du chanvre / laine, on mélange…
Thomas B. – Il y a encore pas mal de R&D ?
Julien Bonnet – Il y a un petit peu de R&D toujours, c’est normal.
Les produits issus de la chanvrière sont commercialisés
Thomas B. – Il y a déjà des produits qui commencent à sortir ?
Julien Bonnet – Ah et qui plaisent beaucoup d’ailleurs, qui sont vendus et il y a de gros volumes qui sortent, qu’on vend en Allemagne, en France. On a des clients comme Wildling Shoes, on a Saint-James, évidemment, Tuffery aussi, historiquement. Il y a des gros acteurs qui sont présents et qui nous soutiennent. C’est au-delà d’être client, c’est aussi le soutien d’une filière en fait. Donc voilà, c’est en plein boom, en ce moment.
Thomas B. – Ok. Et alors, tu as fait deux interventions pour le petit collectif Chanvre Légal Pro ?
Julien Bonnet – Oui, c’est vrai.
Thomas B. – Tu peux nous donner un petit mot là- dessus, en mode impro ?
Julien Bonnet – Et bien écoute, l’idée, c’est quand même de transmettre. Moi, j’aime transmettre, j’aime coopérer et donc transmettre ce que j’ai pu essayer de faire en deux ans avec Virgo et pour la filière chanvre locale. C’est de transmettre un petit peu comment lancer une chanvrière textile, comment lancer une chanvrière dans le mode textile, sur le mode écoresponsable, mais toujours en bienveillance avec le reste. Et c’est aussi essayer de donner les astuces pour ne pas se planter, pour ne pas réinventer la roue à chaque fois. C’est partager un petit peu ce qu’on a pu développer ici. Et puis, comme moi, j’ai un bagage agronomie, c’est de transmettre un petit peu ce que je sais sur la plante pour que ça puisse être le plus logique possible sur le terroir.
Thomas B. – Il y a vraiment de belles choses à faire. Tu disais que tu travailles avec un collectif de producteurs. Deuxième année, donc tu en as en plus par rapport à l’an dernier.
Julien Bonnet – On a un peu changé de fusil d’épaule. On avait l’année dernière, une trentaine d’agriculteurs qui étaient répartis sur sept départements. Ça allait du Nord-Est de la Lozère jusqu’au Sud-Ouest du Gers, en passant par le Pézenas dans l’Hérault et puis le Nord-Ouest du Lot. C’était assez compliqué à gérer. Ça a valu un peu de décontenances de la part de certains agriculteurs, de notre part aussi. Du coup, on a resserré..
Thomas B. – Le rayon d’action.
Julien Bonnet – Exactement, parce que il faut aussi être plus logique par rapport à ce que fait le chanvre. Il faut être plus pertinent dans les démarches qu’on fait au quotidien, dans l’accompagnement.
Thomas B. – Et on raccourcit les circuits. Dans l’idée du circuit cour je veux dire.
Julien Bonnet – Un peu, oui. Oui, voilà. Et puis, il faut aussi être logique par rapport à ce que fait le chanvre. On ne va pas dépenser du carbone pour transporter les matières ou aller voir les agriculteurs, alors que le chanvre l’a stocké pendant six mois. Il faut être logique aussi.
Thomas B. – Et tu me disais, il y a un truc qui a vraiment bien marché, c’est quand tu les as emmenés, une partie d’entre eux visiter les ateliers de tissage ?
Julien Bonnet – Oui, ça fait partie un petit peu de l’étude qu’on mène avec ma stagiaire, c’est qu’on se rend compte que les agriculteurs, ou j’aime mieux dire aussi les paysans, parce que pour moi, ce n’est vraiment pas péjoratif du tout. Ils ont envie d’être impliqués dans la filière. Certains sont très intéressés par la filière textile. Ils veulent savoir où vont leurs matières. Ils veulent être un petit peu, pas pionniers, mais parmi les premiers à se lancer dans une filière régionale qui a du sens, locale. Et quand je les ai invités à venir voir l’atelier de tissage, ils étaient tous comme ça, les yeux ronds. C’était génial, passionnant. Ils sont venus avec leurs compagnes. Le tisserand qui nous a accompagnés dans la à l’atelier, il était hyper intéressé pour parler avec eux. C’était un mélange de compétences et ça vraiment, c’est magique. Et on va vraiment envie de le promouvoir de plus en plus.
Quel avenir pour la nouvelle chanvrière textile ?
Thomas B. – Génial. Comment tu vois la suite ?
Julien Bonnet – La suite ? C’est un gros challenge.
Thomas B. – ça veut dire X 200 dans 3 ans ?
Julien Bonnet – Dans deux ans écoute, on espère passer à 400 hectares, 500 hectares. Défibrer, évidemment, un peu plus notre chanvre. Évidemment, tisser nos fils, le fil qui est issu de fibres qu’on aura produites localement. C’est un idéal. Et puis, logiquement, on devrait être une bonne quinzaine dans l’entreprise. Et puis Virgo Coop, c’est pas seulement le chanvre, c’est aussi la laine. Et la laine, c’est un gros sujet qui nous chauffe beaucoup, beaucoup. Donc, dans deux ans, oui j’espère qu’on pourra avoir beaucoup plus de tissus, laine et chanvre qu’on produira et qui seront vendus.
Thomas B. – Ok. Un dernier petit message pour les gens qui sont en train de se dire « Le chanvre, il se passe quelque chose, mais comment faire ? Je n’y connais rien du tout.
Julien Bonnet – Venez, venez discuter. Franchement, il n’y a pas que nous chez Virgo. Il y a aussi ici. Il y aussi Lin & Chanvre Bio, il y a dans le Nord, en Charente. Allez voir ses chambres si vous êtes par exemple, dans Camargue. Allez voir Viridi Gallus en Charente aussi. Il y a plein de gens qui se mettent dans le chanvre et il n’y a pas que nous. Mais bon, si vous êtes en Sud-Ouest, en région Occitanie, passez un coup de fil et on vous répondra avec plaisir.
Thomas B. – Yes. Merci Julien.
Julien Bonnet – Merci Thomas, avec grand plaisir.
Thomas B. – Laissez un commentaire juste en dessous. Posez vos questions sur cette chanvrière textile qui décolle. Et à très bientôt pour une prochaine.
Julien Bonnet – À bientôt Thomas. Merci.
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