Célia, productrice de chanvre en Ariège, nous fait découvrir son activité et sa marque C’est Bien d’Ici, le Chanvre ariégeois
Dans cette interview, Célia, productrice de chanvre, nous raconte son parcours et comment elle a surmonté ses inquiétudes pour lancer son activité en Ariège, sa terre natale, il y a un an et demi. Après avoir suivi la formation Chanvre Légal Pro, et connu une mésaventure avec sa première production, elle valorise désormais si bien ses produits qu’elle envisage d’en faire une activité à temps plein. Son ambition ? Faire décoller l’activité de sa marque C’est Bien D’ici, Chanvre Ariégeois et parvenir à en vivre en pérennisant le travail à la main.
Rencontre avec Célia, productrice de chanvre, sur sa parcelle en Ariège
Célia S. – Au réveil, ça fait mal. Je me suis dit, ça y est, l’année est foutue, je vais pas m’en sortir… Et puis bon, en fait…
Thomas B. – En fait, presque un an plus tard…
Célia S. – Bienvenue en Ariège !
Thomas B. – Oh là là ! C’est beau, Il y a tout ça ! On est chez Chanvre Ariégeois ! On est chez Célia !
Célia S. – Salut tout le monde !
Thomas B. – Salut Célia.
Célia S. – Bienvenue chez moi, en Ariège.
Thomas B. – C’est le chanvre ariégeois. Voilà la petite parcelle derrière. Cool ! Il fait beau, il y a de la montagne et la vue est belle. Magnifique ! C’est parti. Il commence à y avoir des parfums intéressants. Il y a combien de plants là, du coup ?
Célia S. – Là, il y a 120 plants à peu près.
T. – Ok. Donc ça, c’est ta deuxième production en cours. Tu as commencé il y a un an et demi.
C. – Voilà, je me suis inscrite à la formation il y a un an et demi pour devenir productrice de chanvre professionnelle. L’an dernier, première production de chanvre, je n’étais pas ici, j’avais fait 55 plants. J’en ai récolté que 25 parce que je me suis fait voler 25.
Du retour de Célia en Ariège, sa terre natale, au lancement de son activité de productrice de chanvre
T. – Tu viens d’où ? Avant tout ça, toi ?
C. – Avant tout ça, professionnellement, j’étais sur Toulouse, je travaillais dans la vente. J’étais responsable d’un magasin d’une grande enseigne de basket. J’ai fait ça pendant douze ans et j’en ai eu marre de la folie des grandes villes, du monde, des gens qui veulent tout, tout de suite. Donc j’ai voulu fuir un petit peu ça et donc je voulais rentrer en Ariège qui est mon pays natal et j’ai eu l’opportunité de revenir pour travailler dans une autre structure. Ce qui m’a fait déjà revenir en Ariège.
T. : Et donc tu as une bonne base d’expérience professionnelle, un peu commerciale, management, gestion de magasin.
C. – Gestion de personnel, gestion de l’humain. Et puis oui, des notions du coup en vente et en technique de vente, qui sont quand même un atout pas mal.
T. : Et tu te dis tout ça, c’est pas assez vert pour moi ?
C. – Exactement !
La transition vers son activité de productrice de chanvre en Ariège
T. : Tu as eu une petite étape de transition en travaillant pour un golf ?
C. – C’est ça. En fait, pour revenir en Ariège, j’ai trouvé ce boulot-là, au golf de l’Ariège. Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais bon voilà, j’ai fait mon petit temps et puis j’en ai eu marre, j’ai voulu partir. J’ai pu faire une rupture conventionnelle. J’ai quitté ce travail et j’avais vraiment envie de me lancer dans un truc « nature », « rapport à la terre ».
T. : Donc bien faire la nature, ou en tout cas faire avec la nature.
C. – Voilà, c’est ça, travailler avec la nature et pas contre elle. Et puis développer quelque chose qui garde ces valeurs-là, de naturel, bien être, etc.
T. : Et pourquoi le chanvre alors plus qu’une autre plante ? Parce que la nature, elle est vaste.
C. – C’est sûr. Le chanvre, parce que je connaissais déjà un petit peu la plante. J’avais déjà expérimenté un petit peu de culture, donc je savais que c’était quand même une plante qui pousse assez facilement seule. Donc je me suis dit il y a peut-être moins de contraintes que dans un boulot comme le maraîchage ou quelque chose comme ça. Et puis il est possible de démarrer avec peu de moyens. Et en plus, le chanvre, il y a tellement de choses possibles qu’on peut faire avec.
T. – Beaucoup, beaucoup d’applications possibles derrière.
C. – En me disant, je peux commencer par le bien-être et puis qui sait ? C’est tellement large que ça pourra s’ouvrir sur d’autres filières ou d’autres débouchés.
Le développement de son activité de productrice de chanvre: sa marque C’est Bien D’ici, Chanvre Ariégeois, et la progression de son chiffre d’affaires
T. – Tu as lancé une petite marque, à peine un an après tes tout débuts ?
C. – Oui, c’est ça. J’ai ouvert l’entreprise au mois de juin et je suis rentré dans la formation au mois de février, et j’ai ouvert l’entreprise au mois de juin.
T. – 4 mois après.
C. – J’avais déjà lancé la culture. Donc j’ai trouvé ma petite marque, mon petit nom. J’ai fait faire mon logo par des connaissances, toujours en essayant de limiter les dépenses.
T. – Donc ça s’appelle « C’est bien d’ici, Chanvre ariégeois« .
C. – C’est bien d’ici, Chanvre ariégeois, productrice de chanvre. C’est pour faire le jeu de mot C.B.D. Ça fait C’est bien d’ici. Et donc là, je développe ça tranquillement. Les ventes commencent à se faire.
T. – Et oui, parce que depuis le mois de janvier, tu as ouvert les ventes. Donc, il a fallu faire ta culture.
T. – Et tu es en moyenne à 700 € de chiffre d’affaires.
C. – Oui, par mois, et un petit plus le mois dernier, je suis arrivée jusqu’à 1200 €, donc je suis contente, en espérant que ça dure.
T. – Donc il ne faut pas forcément se fier aux apparences. On n’est pas au concours de la plus belle parcelle. Elle est belle la parcelle. Je vais pas non plus dire des trucs qui seraient mal interprétés !
C. – Mais non, mais même là, début juillet, c’était plutôt petit, j’avais un peu peur que ça ne prenne pas. Et puis en fait, ça a bien gonflé. Donc, il ne faut pas trop stresser, même si ça pousse un peu tard.
T. – Et puis le chanvre se valorise de toute façon.
C. – De toute façon, il y a toujours moyen de faire quelque chose avec.
La commercialisation de ses produits C’est Bien d’ici, Chanvre Ariégeois
T. – Et tu as commencé sur un point de vente, deux points de vente, petit à petit. Là, tu en as quatre ou cinq, c’est ça ?
C. – Oui, là j’en ai quatre officiels, bientôt un autre qui arrive. J’ai commencé en faisant un peu de com sur Facebook, donc un petit peu en direct du coup, puisque les gens m’appelaient, ils venaient à la maison chercher ce qu’ils avaient besoin. Et après, petit à petit, j’ai commencé par trouver un point de vente et puis un deuxième, et puis voilà. Après, ça commence à parler, donc ça se développe.
T. – Et ce n’est que le début finalement.
C. – Et ce n’est que le début, j’espère bien !
T. – Yes ! Moi j’ai envie de te dire un grand bravo pour cette première étape. C’est une belle étape, ça commence à rentrer. Tu as une deuxième culture qu’on voit aussi dans les images là, qui est bien partie. Et la première culture, tu as quand même eu une mauvaise surprise juste avant les récoltes. Je te laisse en dire un mot.
C. – Oui. Donc mi – septembre, je me lève un matin et la moitié de mes plants n’était plus là. J’avais mis 50 plants et j’en ai 25 que je me suis fait voler en fait.
T. – Qui ont disparu…
C. – C’était de beaux arbres, ils étaient bien gros. Ça a été coupé à la scie, parce que les troncs étaient comme ça. Et donc voilà.
T. – Bien brutal…
C. – Au réveil, ça fait mal. Je me suis dit, ça y est, l’année est foutue, je vais pas m’en sortir. Et puis bon….
T. – En fait, presque un an plus tard, tu as bien valorisé tes 25 plants ?
C. – Finalement, j’ai quand même fait une récolte plutôt sympa. Et donc j’ai réussi à valoriser ça. Et là, j’ai même encore du stock à vendre.
T. – Donc tu as un chiffre qui augmente petit à petit, et tu as encore du stock pour quelques mois, là.
C. – C’est ça, donc logiquement, je devrais pouvoir finir mon stock avant d’avoir la nouvelle récolte qui arrivera bientôt. Du coup, ça se goupille plutôt bien.
T – Double bravo, parce que tu t’es quand même pris une belle tuile en cours de route et malgré ça, tu as bien valorisé le truc, c’est top. Ça, c’est déjà génial. Il y a une deuxième spécificité chez toi que je trouve assez géniale et qui mérite d’être racontée, c’est que tu valorises vraiment bien tes produits, par rapport à la moyenne, par rapport à ce qu’on entend dans les milieux: « c’est pas facile, tout vient de l’étranger à 300, 400, 500 balles kilos, on est tous foutus ». Toi, tu es complètement aux antipodes de ça.
C. – En fait, j’ai commencé par aller voir les magasins de CBD pour vendre ma fleur et quand j’ai vu ce qu’ils me proposaient en tarif, moi je me suis dit que c’était pas possible que eux gagnent autant que moi, alors que c’est moi qui fait tout le travail. Du coup je n’ai pas voulu travailler avec eux, j’ai préféré aller voir des petits magasins de producteurs où là on fonctionne plutôt en dépôt-vente et avec une commission pour eux. Et du coup c’est beaucoup plus avantageux pour moi, et eux, ça leur fait quand même une nouveauté à proposer dans leur boutique. Donc pour l’instant, on y trouve chacun notre compte, donc ça se passe bien comme ça. Et ça me permet de ne pas vendre ma marchandise au rabais.
T. – Tu valorises bien ton travail et ça, Célia, c’est pas mesdames et messieurs, mais bravo quoi !
C. – C’est vrai que franchement, ça me faisait peur un peu quand j’entendais parler des tarifs qui commençaient à baisser et tout ça. Et le fait d’avoir trouvé ça, c’est vrai que je me dis que je suis plutôt bien finalement par rapport à certains. Donc oui, c’est super cool.
T – Excellent. Est ce que tu penses qu’aujourd’hui, en tant que productrice de chanvre, il y a un quelconque frein pour que tu ne puisses pas continuer de cette manière dans l’année qui vient et doubler ton nombre de points de vente sur le même principe ?
C. – Je ne pense pas, non, honnêtement…
T. – Tu es confiante là pour la suite ?
C. – Oui, je suis quand même assez confiante. En plus, on commence quand même à m’envoyer des mails pour me demander des infos sur mes produits. Donc, il y a aussi des gens qui viennent vers moi directement. Du coup je me dis que ça ne peut que continuer dans le bon sens.
T. – Oui, parce qu’on n’en a pas parlé, mais tu as aussi lancé ton site internet, où tu fais des ventes en ligne un peu.
C. – Oui, tout à fait. Un petit site qui me sert de vitrine, quelque part, et où je fais quand même un petit peu de vente, donc c’est toujours ça en plus. Et quand on cumule ça, les magasins revendeurs, plus un peu les marchés, un peu le direct, finalement …
T. – Un petit peu de bouche à oreille qui commence et tout ça.
C. – Ça commence à circuler un petit peu quoi.
T. – C’est géant, c’est génial. C’est super cool. Est ce que tu vois un frein aujourd’hui à doubler, tripler ton chiffre d’affaires dans l’année qui vient, voire plus ou pas ?
C. – Un frein ? Non, je pense juste que c’est à moi de me bouger un petit peu pour trouver d’autres boutiques de revendeurs. Et après, il n’y a pas de raison, il y a de la place, il y a encore de quoi faire. Donc je pense qu’il y a pas de frein, c’est faisable.
T. – D’ailleurs, je ne t’ai pas demandé, mais aujourd’hui, c’est une source de revenus en plus pour toi. Demain, est-ce que tu veux en faire un plein temps ? Est-ce que c’est vers cela que tu te diriges ?
C. – Oui, l’objectif serait quand même d’en faire mon revenu principal. Donc il me faut dans tous les cas plus de points de vente et augmenter un petit peu le chiffre d’affaires, histoire d’en vivre.
Les produits C’est Bien D’ici, Chanvre Ariégeois
T. – Alors qu’est ce que tu nous as fait ?
C. – Alors, quelques produits, notamment le macérat huileux, avec deux taux de CBD différents, à 5,2 %, 2,6 %, les fleurs brutes, des petites infusions que je fais déguster sur le marché.
T. – Et la petite carte qui va bien, dans un joli format carré. Et tu fais des petites dégustations de tes infusions.
C. – Voilà, ce qui permet de les vendre !
Du suivi du programme au développement de son activité de productrice de chanvre en Ariège
T. – Alors toi, tu as rejoint le programme il y a 18 mois à peu près pour devenir productrice de chanvre. Pourquoi ? Qu’est ce que tu en as pensé en arrivant ? Et où est-ce que tu en es par rapport à ça aujourd’hui ?
C. – Alors pourquoi ? Parce que, en fait, à la base, quand j’ai quitté mon ancien travail au golf, l’idée de la culture du CBD, c’est un peu avec des potes que c’est venu en discutant. Je me suis dit ça serait quand même bien que je me forme, que je trouve quelque chose, où je ne suis pas toute seule. Donc j’ai commencé à regarder sur internet.
T. – Oui, c’est ça, tu te sentais un peu seule dans ton coin.
C. – C’est ça. J’avais un peu peur du côté légal, de tout ce qui était administratif, toutes les démarches pour ouvrir une entreprise, etc.
T. – Et j’appelle qui s’il y a un problème, si je ne sais plus comment faire ou quoi.
C. – Voilà. Et donc je commence à regarder sur internet si je trouvais des choses. Quand je tombais sur ta formation, ça m’a paru bien au niveau de l’échange et des personnes présentes qu’il y avait dans cette formation. Donc j’ai foncé. En plus, vu qu’il n’y avait pas vraiment de durée de validité, j’ai trouvé ça bien aussi que ce ne soit pas bloqué à une année et puis après on en parle plus et voilà. J’ai trouvé ça bien aussi et je suis parti là-dedans, et puis j’ai trouvé tout un réseau finalement, qui est super pour être accompagné, même à distance, ça fait toujours un soutien. Il y a toujours des hauts et des bas donc quand on est un peu dans le bas, on a une question, on envoie sur le réseau, ça répond assez vite. Un bon appui derrière, c’est une bonne béquille.
T. – Donc tu étais venue à deux rencontres.
C. – Oui, j’ai fait deux rencontres. C’était super. Du coup, le moyen de rencontrer en réel les personnes qu’on voit en live ou sur les réseaux et du coup très enrichissant aussi. Beaucoup de partage, beaucoup d’expériences qu’on se raconte et je pense que c’est bon pour tout le monde en fait de partager tout ça.
Productrice de chanvre, une activité à la portée de toutes les femmes motivées
T. – Pour la suite, est-ce que tu aurais un message à faire passer aux futures nanas chanvrières ?
C. – Vous êtes où ? Allez, venez !
T. – Il y en a. Tu sais qu’il y en a.
C. – Il y en a, mais j’espère bien qu’il y en aura encore et plus. Et en tout cas ce n’est pas un métier masculin, c’est pas du tout le cas, donc il ne faut pas hésiter, il faut y aller, se lancer. Et ce que je peux leur dire c’est qu’il faut essayer de toute façon. A partir du moment où l’on est dans un réseau, où il y a des gens derrière nous qui peuvent nous conseiller, nous accompagner un petit peu, c’est de suite plus facile. Comme je disais tout à l’heure, il y a des hauts, des bas et quand on est dans le bas, il ne faut pas hésiter à un petit peu se rapprocher des gens qui font la même chose, discuter. Et ça rebooste vite et finalement on s’en sort, on y arrive. Je me dis que même en tant que petite productrice de chanvre, j’aimerais bien pouvoir continuer à faire ça en restant petite, à pouvoir travailler à la main, qu’il y ait de la place pour tout le monde, aussi pour les petits.
T. – Small is beautiful ! Génial ! Merci Célia.
C. – Merci à toi.
T. – Et longue vie à ton projet !
C. – Merci beaucoup, et longue vie au chanvre !
Pour aller plus loin
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